Le temps qui marche, les g n rations qui se succ dent, les id es qui se r g n rent, les progr s qui se font dans les arts et dans les sciences, tout contribue changer et modifier la surface du monde. Les villes aussi, comme toutes choses, subissent des transformations successives et continuelles; Bayonne lui-m me n'a pas chapp ce principe in branlable qui veut que tout ce qui a commenc d' tre se change, se modifie, ou se transforme avec les ann es et avec les si cles. Si, le prenant son origine, nous le suivons jusqu' nos jours, nous trouverons qu'il a pass dans la succession des temps par une multitude de phases diverses. Peu peu la petite ville est devenue grande et jolie cit coquettement b tie sur les rives de ses deux rivi res, l'Adour et la Nive. De tous temps Bayonne a eu par sa position au fond du golfe de Gascogne et aux pieds des Pyr n es une importance r elle comme port maritime, comme ville commerciale et comme place de guerre. L'accroissement de Biarritz depuis la cr ation des Chemins de fer, et aussi, depuis qu'une auguste faveur en a fait un s jour privil gi , le d veloppement de St-Jean-de-Luz comme ville de bains devenu presqu'un de ses faubourgs par l'effet de la rapidit des communications, la proximit de Cambo et des montagnes offrant ses c t s les ravissants paysages de la Suisse et les mouvants spectacles des grandes Pyr n es, ses environs charmants, remarquables tous par la vari t de leurs sites, curieux par leurs souvenirs historiques, tout cela appelle Bayonne un nouvel avenir qui commence d j , mais dont le progr s se fait trop lentement. Bayonne doit tre un jour Ville de Plaisance. Toutefois, pour y arriver, il faut qu'il s'agrandisse encore, et puisse offrir l' tranger qui voudrait venir s'y fixer, non des demeures ou des logements, mais des habitations agr ables, des villas ind pendantes o chaque famille pourra vivre sa guise, au milieu des prairies et des ombrages frais, parmi les fleurs des jardins ou les fruits des vergers. Or, Bayonne ne s'agrandira que lorsqu'on aura recul quelques-unes des fortifications qui, sans utilit d montr e, r treignent dans une ceinture de pierre. Il ne prendra son essor vers la nouvelle destin e qui lui est promise que lorsqu'il pourra s' tendre son aise dans ces champs encore soumis la loi s v re du G nie Militaire. Bayonne doit donc diriger tous ses efforts vers ce but, et il ne saurait s'y prendre trop l'avance, car la lutte, on le sait, est lente et difficile lorsqu'il s'agit de renverser tout un syst me auquel de nombreuses ann es d'existence ont donn des racines profondes, lorsqu'il faut combattre avec les armes de la paix contre un corps dont le seul travail est d' difier et de construire en pr vision de la guerre. Tant que Bayonne florissait par sa marine et son commerce, tant que ses habitants pouvaient trouver dans les divers rameaux de ces deux branches lucratives une existence dont la prosp rit tait croissante, la pr occupation de son avenir devait para tre inutile et imaginaire. Maintenant que ces deux l ments de travail et de richesse sont peu pr s vanouis, il est important de chercher les remplacer, et personne aujourd'hui ne peut en nier la n cessit . Il y a donc lieu, pour atteindre un but qui sera la vie et l'avenir de cette cit , de donner un commencement aux tentatives qui doivent conduire la r ussite. Il ne faut pas se faire illusion sur la longueur de la route parcourir et penser que les difficult s dont elle est h riss e soient faciles aplanir; mais plus t t le premier jalon qui doit guider la marche aura t plant , plus t t on aura franchi l'entr e. Peut- tre alors on reconna tra qu'il y avait moins de peines et de labeurs qu'on ne se l' tait imagin . Le d cret du 25 mai dernier qui vient de d classer plusieurs villes de guerre, et qui d'un seul coup de plume a renvers des remparts et des ch teaux capables de r sister longtemps encore au feu des canons, est d'un bon augure pour le d classement de certaines des fortifications de Bayonne et l' loignement de quelques-unes de ses murailles. Ce d cret, motiv par les r clamations de quelques villes en souffrance, et d surtout la sollicitude clair e du chef de l' tat, a cr un pr c dent qui, pour Bayonne, doit servir de point de d part. Une ville trang re, Saint-S bastien, peu pr s identiquement plac e au point de vue strat gique, a vu, il y a un an peine, ses murailles enti res tomber comme par enchantement, et leur place, s' lever une ville nouvelle. Ce bienfait s'est imm diatement fait sentir et il pr sage un d veloppement tr s grand, comme ville d' t et comme ville de bains, cette cit Espagnole qui se voyait jusqu'ici arr t e dans ses aspirations par les rigueurs des zones militaires. Le commerce lui-m me, d j florissant depuis quelques ann es, esp re trouver dans ce changement heureux, de nouveaux l ments pour sa prosp rit . Encourag par des exemples, aid du bon droit, de la raison et aussi de la faveur qui le prot ge, il est n cessaire que Bayonne cherche obtenir ce qui est pour son avenir d'une urgence marqu e. Il ne doit rien n gliger pour qu'on puisse l'entendre et, s'il n' tait que faiblement cout , il ne faut point qu'il se d courage; il doit faire comme la goutte d'eau qui, frappant chaque jour le rocher, finit par le creuser et le traverser.
Bayonne: son pass , son avenir / par Henry L on Date de l' dition originale: 1866 Appartient l'ensemble documentaire: Aquit1
Le pr sent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la litt rature Fran aise mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant num ris ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant la demande. Certains de ces ouvrages refl tent des courants de pens e caract ristiques de leur poque, mais qui seraient aujour
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